L'antre de la jeunesse

La jeunesse représente un capital fort en questionnement. Sa complexité m’a incité à réaliser cette série. L’envie d’aborder ce thème m’est venue en photographiant ma fille, en pleine « traversée identitaire » à l’âge de 16 ans. J’étais le témoin direct de cette période cruciale. Je voyais éclore la transformation physique et psychique de mon enfant qui au fur et à mesure de sa transformation me fermait les portes de son univers, appartenant désormais à la génération Z, les Digitals Natives. Ma fille vivait le processus logique qui consiste à se détacher des parents et du monde des adultes pour ressentir sa propre identité. Mais dans cette quête allait-elle se singulariser ou tomber dans « une unité sociale, un groupe constitué d'intérêts communs (selon Pierre Bourdieu) »? Une chose est sûre, c'est que quelle que soit la génération d'adolescents, ils partagent les mêmes caractéristiques psychologiques : la conquête de l'affirmation de soi. J’ai donc voulu en savoir plus et j’ai décidé de les photographier dans leur intimité : leur chambre. Je les ai photographiés dans leur lit parmi un ou plusieurs objets qu’ils ont choisis. J’ai privilégié des lumières vives : du rouge au vert, en passant par le bleu et le rose. Elles nous éloignent de la réalité et nous plongent dans l’antre de l’adolescence… un lieu qui n’est pas le nôtre et dans lequel cette génération raconte sa petite histoire. Ces jeunes gens évoquent ce qu’ils aiment mais à demi-mots, car s’ils m’ont laissé les photographier, j’ai souhaité seulement entre-ouvrir leur porte. Respecter cet entre-deux-mondes et montrer cette série par le trou de la serrure… Par cette ouverture, on y voit cependant une génération dont le centre d’intérêts ne se réduit pas au smartphone, mais une génération curieuse, avide de savoirs et de sensations.